Destroyer

“Chez Destroyer, les plats sont si beaux que l’on n’ose pas y toucher !” Est-ce un compliment ou un regret ? Dirait-on d’un morceau de musique qu’il est si bien composé que l’on n’ose pas l’écouter ? Quoi qu’il en soit, chacun des plats de Destroyer mérite des félicitations (ou plutôt des likes) pour la qualité de sa présentation. Le menu projeté sur le mur donne un look futuriste à cette dinette mi zen, mi obsessionnelle. Jordan Kahn, dont le pedigree inclut Alinea, French Laundry et Per Se, a décidé de n’ouvrir Destroyer qu’au petit déjeuner et déjeuner — pour lui donner un caractère de café de quartier. On aime y venir pour un thé ou un café, sourcé respectivement chez Song à San Francisco et chez Rosaline à Portland, délicatement présenté dans un service à thé digne de Copenhague. Les plats sont téméraires : porridge cru et yaourt islandais, petits pois et flan au lait d’amandes, tartare de boeuf caché sous des écailles de radis… un véritable laboratoire de R&D pour son restaurant voisin, Vespertine. On applaudit le raffinement des plats, mais on est encore indécis sur leur gourmandise.